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L'inférieure d'un vaisseau de cent trente-sept pieds de long de l'étrave à l'étambord, a vingt-deux pieds de long, dix-sept pouces de large, & quatorze pouces d'épais à son arriere ou au bout qui joint l'avant, & environ dix-sept pouces de courbure. A cinq pieds de son arriere, il a douze pouces de large; à neuf pieds, onze; au bout du bestion, neuf; & à deux pieds du bout de devant, cinq pouces.
L'aiguille supérieure a un pied de large à son arriere, & cinq pouces en devant. A l'égard de l'épaisseur, elle est de douze pouces en arriere, & de neuf en devant.
Le plan ou le chantier qui soutient le vaisseau à terre, est incliné à l'eau, & cette inclinaison est ordinairement de six lignes sur un pied de longueur. On le prolonge jusqu'a l'eau, en y ajoutant d'autres poutres & d'autres tins, qui forment un plan toujours également incliné, & on met au dessus de forts madriers, pour servir de chemin à la quille retenue dans une espece de coulisse formée par de longues tringles paralleles. On place ensuite de chaque côté, jusqu'a l'eau, des poutres qu'on nomme Coites, & qui étant éloignées les unes des autres, à peu près à la distance de la demi-largeur du vaisseau, répondent vers l'extrêmité du plat de la maîtresse varangue. Comme elles ne peuvent être allez hautes pour parvenir jusqu'à la carene du vaisseau, quoiqu'elles soitent fort avancées dessous, on attache deux autres pieces de bois, appellées Colombiers, qui s'appuient sur les coites, & qui peuvent glisser dessus. Ces poutres sont frottées avec du sain-doux ou avec du suif. On frotte de même la quille. On attache ensuite le vaisseau par l'avant, par les côtés & parderriere à un des gonds du gouvernail. Des hommes tiennent les cordes des côtes & de l'avant, & la corde de derriere, qu'on appelle Corde de retenue (voyez ce mot), est liée à un gros pieu qui est en terre.
Les choses ainsi disposées, on ôte, à coups de massue, les anciens coins, & on en substitue sur le [page II:81] champ de noveaux, pour soutenir la quille dans le temps qu'elle coulera. Enfin on coupe les acores & les étances devant & des côtés, & la corde de retenue, & dans l'instant le vaisseau part.Il faut alors jetter de l'eau sur l'endroit où il glisse, crainte que le feu n'y prenne par le grand frottement, & mettre tout en œuvre, afin d'accéler la marche du vaisseau. A cette fin on engage de longues solives dans la quille, par leur extrêmité, pour l'agiter ou l'ébranler, si le vaisseau ne part pas assez vîte; & les hommes qui tiennent les cordages de l'avant, dont j'ai parlé, les tirent alors, ou les roidissent par le moyen des cabestans, & ils halent ceux des côtés, pour retenir le vaisseau dans sa chûte, ou pour diminuer la force du choc dans l'eau, qui lui seroit préjudiciable.
Cette maniere de lancer les vaisseaux à l'eau, qui est sans contredtit la meilleure qu'on ait imaginée, n'est cependant pas suivie par les Portugais. Ces peuples estiment qu'il vaut mieux que le vaisseau entre dans l'eau par la pouppe, que par la proue. Ils on sans doute leurs raisons: mais il n'est point aisé de les découvrir. Dans le Nord-Hollande, pour lancer les vaisseaux à l'eau, on les fait passer sur une digue, qui s'éleve en talud des deux côtés, & qui est frottée de graisse. Le vaisseau est contruit sur un pont à rouleaux, au bas de la digue. On amarre deux cordes à l'étrave, en deux endroits, & autant à la quille, & on ceintre l'arriere avec d'autres cordes. Ces cordes passent par divers vindas ou cabestans, dans chacun desquels il y a deux poulis & trois rouets dans chaque poulie. Vingt à trente hommes virent ces machines, tandis que d'autres sont attenifs à roidir les cordes de l'arriere, lorsque le bâtiment vient à reculer. On le monte d'abord au haut de la digue, & quand il y est parvenu, on le met sur la pente qui conduit à l'eau, & on le suit à peuprès [page 82] de la même faç.on qu'on l'a suivi pour le faire monter.
Les Anciens conduisoint leurs vaisseaux à l'eau sur des rouleaux (voyez Baptiser): mais ces vaisseaux étoient si médiocres, que leur méthode ne peut fournir rien de curieux, ni d'utile. Voyez aussi Flotte.
Transcribed by Lars Bruzelius.
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